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Comprendre les espaces pour mieux les défendre

Quand on met au point son playbook, il y a plusieurs problématiques qui se présentent au coordinateur défensif. 

On doit dans un premier temps comprendre les forces et les faiblesses de son effectif. En début de saison, on doit donc rapidement cerner qui seront les joueurs qui ont une marge de progression. Ceux qui seront nos joueurs clés et ceux qui pourront être des faiblesses dans l’application des schémas défensifs. 

Il faudra ensuite avoir un aperçu le plus précis possible des attaques qui composent le championnat. Pour cela, il conviendra de scouter les matchs amicaux des équipes adverses ou de se baser sur les tendances naturelles de leur coach. 

Mais le plus dur dans tout ça reste de jongler avec nos propres limites. Quelles sont nos compétences ? Quelles sont les défenses que nous maîtrisons et que nous pouvons mettre en place facilement ? En sommes, quels outils ai-je à ma disposition ?

L’assemblage de ces trois paramètres crée déjà son lot de problèmes. On doit alors faire des choix. Le problème est que ces choix ne peuvent pas être faits de manière arbitraire au risque de gâcher une saison complète et de réduire à néant les centaines d’heures d’implications du staff et des joueurs.  

Un bon début pour créer une base de réflexion solide à toutes ces problématiques consiste à mieux comprendre les enjeux offensifs et défensifs

Depuis la création du football, les coachs se livrent une guerre sans merci sous forme du jeu “du chat et de la souris”. 

Il est bien connu que le rôle de l’attaque est de trouver/créer des espaces, tandis que le but de la défense est de les fermer/restreindre.

Mais en tant que coordinateur, vous avez probablement fait le constat qu’il n’est pas possible de tout défendre, tout du moins, en même temps.

Par ailleurs, c’est pour cette même raison que lorsqu’on discute d’un schéma ou d’un système, il convient de placer le débat dans un contexte et répondre à ces questions :

  • Qui sont mes joueurs ?
  • Qui sont les joueurs adverses ?
  • Quelles sont nos forces ?
  • Quelles sont nos faiblesses ?
  • Quelles sont les problématiques intrinsèques à la structure du football ?

Ce que je vous propose, c’est de créer une grille de lecture qui nous permet d’imbriquer toutes ces questions afin de créer un caneva qui nous permet de prendre les meilleurs décisions possibles.

La structure et les règles du jeu

La structure de foot, comprenez par là “l’échiquier, les règles et le fonctionnement de chaque pièce” est une base sur laquelle nous pouvons construire notre réflexion

Commençons alors par un rapide tour d’horizon du terrain sur lequel nous jouons et de la manière dont il influence le jeu.

Le terrain est divisé en 3 parties

Les H marks (les deux lignes dans l’axe au milieu du terrain) ont un rôle extrêmement important dans la structure du jeu. En effet, on peut considérer que 80% des jeux d’un match se jouent sur un H (je vous encourage à faire le calcul avec vos propres statistiques pour le vérifier)

Cela veut aussi dire que 80% du temps le terrain est divisé en deux, de manière asymétrique, avec un grand côté et un petit côté (field et boundary en anglais), comme ci-dessous :

Le grand côté fait alors la mesure significative de 33.3 yards tandis que le petit côté n’en mesure plus que 20 yards.

Souvenez-vous ce qui a été établi plus haut : “le rôle de l’attaque et de trouver/créer des espaces”.

Cela veut dire que 80% du temps, l’attaque dispose d’un espace beaucoup plus grand et plus difficile à couvrir pour la défense, le grand côté. Mais aussi un espace plus restreint et facile à couvrir pour la défense, le petit côté. 

Il faudra alors convenir d’un autre fait mathématique dans la structure du football : lancer une hitch du grand côté revient à lancer une fade petit côté. En voici la démonstration :

Sur le schéma ci-dessus, la droite D1 est égale à la droite D2. Sauf que dans le cas de D1, l’attaque a lancé pour 5 yards, tandis que dans le cas de D2 l’attaque a lancé pour 16 yards

La seule différence (et pas des moindres) entre les deux tracés est le temps qu’ils mettent à se développer. En effet, T1 qui est le temps de développement relatif à D1 est considérablement plus petit que T2, le temps de développement relatif à D2. 

Remarque 1 :
Le même constat pourrait être fait sur le jeu de course. D’autre part, on pourrait également considérer l’impact de ces temps et distance de développement sur la capacité de la défense à se regrouper sur le porteur de balle. Cela fera surement le sujet d’un prochain article.
Remarque 2 :
Vous noterez qu’en NFL, les H mark sont bien plus rapprochés, ce qui modifie considérablement la structure du jeu à l’avantage de l’attaque. En effet, les deux parties du terrain étant presque égales, la défense perd l’avantage que fournit le petit côté. 

Relation entre la distance et le taux de complétion

Avec le constat que nous avons fait plus haut, vous comprendrez rapidement que l’attaque à tout intérêt à attaquer le milieu de terrain. 

En effet, plus l’attaque lance au milieu de terrain, plus le taux de complétion et le nombre de yard gagné est élevé. Voir le schéma ci-dessous : 

Les statistiques au meilleur niveau du football mondial (NCAA et NFL) montrent que le taux de complétion dans le FLAT est autour de 25%, le taux de complétion d’une fade est de 20%, tandis que les passes dans le SEAM sont complétées majoritairement à 80%.

Bien sûr, comme beaucoup de choses dans le football, il serait préférable de remettre ces statistiques dans leur contexte. Exemple ici avec les statistiques de Coach Narduzzi à Pitt avec son press quarter :

Cependant, il est tout de même agréable et véridique d’acter qu’il plus difficile de lancer un tracé extérieur et une fade qu’une seam

11 joueurs pour couvrir 15 espaces

Maintenant que nous avons fait le tour de “l’échiquier”, nous nous devons de comprendre comment une formation offensive peut attaquer l’espace (2×2 en shotgun dans notre exemple)

Dans son livre What Is Open de Dub Maddox explique avec beaucoup de précision comment une attaque doit interpréter les espaces pour lancer ou courir là où c’est ouvert. 

Maddox part du constat que l’attaque à 15 espaces à couvrir :

  • 5 tubes verticaux (bleu)
  • 4 zones flat (jaune)
  • 2 zones centrales (orange)
  • 6 gaps (numéroté de 1 à 6)

Soit, 17 espaces. 

Voir le schéma ci-dessous

Remarque : Ces espaces sont amenés à évoluer selon les formations offensives.
Par ailleurs, on considère qu’un joueur dans les zones M1 et M2 peut couvrir à la fois un gap et ces zones. Ce qui fait qu’on passe de 17 à 15 espaces.

Cependant, vous le savez comme moi, il n’y a que 11 joueurs dans la formation… Ce qui veut dire qu’il y aura toujours 4 espaces libres

Ces 4 espaces restants peuvent changer en fonction de la couverture que vous appelez. 

Exemple ici avec une cover 3 (schéma 1) et une cover 2 (schéma 2). En rouge ce sont les espaces que personne ne couvre directemen.t

Voici un troisième cas de figure dans lequel Will (W) Apex (mi-distance entre le gap B et le slotback #2). Dans ce cas, on voit que la 4eme zone ouverte est le gap 5, en rouge

Qu’est-ce que ces diagrammes nous apprennent ?

Maintenant que vous avez pu approfondir la relativité de l’espace entre la formation offensive et la couverture défensive, observons ce qu’il se passe si l’on superpose ces informations au taux de complétion

Sur la cover 2, on voit clairement que les tubes 1, 3 et 5 ainsi que le flat O3 sont ouverts. 

En accord avec le taux de complétion, on peut séparer ces zones dangereuses en 3 parties :

Les zones très sensibles : Zone 3

Les zones moyennement sensibles : Zone O3

Les zones peu sensibles : Zones 1 et 5

Sur la cover 3, on voit clairement que les tubes 2, 4 5 ainsi que le flat O1 et O4 sont ouverts.

En accord avec le taux de complétion, on peut séparer ces zones dangereuses en 2 parties :

Les zones très sensibles : Zone 2 et 4

Les zones peu sensibles : Zones O1 et O4

Remarque : Il va de soi que le type de COVER 2 appelé modifiera surement la réalité de ce schéma, cela sert juste d’exemple.

Je pense que ces schémas mettent également l’accent sur un point important. Selon moi, un coordinateur n’a pas le droit de casser la structure du jeu. 

J’entends par là qu’il doit lutter pour garder l’intégrité de la couverture intacte tout en fermant l’ensemble des gaps. 

On ne peut pas délibérément choisir de laisser un gap ou une zone complètement ouverte. 

Conclusion

Nous verrons dans les prochains articles comment utiliser cette grille de lecture pour mettre en valeur son effectif et son système défensif. 

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